Entre 10.000 et 30.000 manifestants anti-Otan à Strasbourg

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Ça chauffe à Strasbourg. En marge du sommet de l’Otan, des actes de violence importants se sont déroulés à l’Est de la ville, près de la frontière allemande. Des violences qui tranchent avec les anti-Otan pacifistes, rassemblés à deux pas des incidents.

Dans le quartier du port du Rhin, entre les bassins industriels de Strasbourg et la frontière allemande, des manifestants s’en sont pris à un petit centre commercial, composé notamment d’une pharmacie et d’une banque. Ils ont brisé les vitres à coup pierres ou de poteau de signalisation, qui ont servi de bélier. Les casseurs ont ensuite mis le feu aux magasins.

L’ancien poste de frontière français, vide, installé au début du pont frontière de Kehl, a également été la cible des manifestants. Ils y ont mis le feu. Depuis 13 heures, le poste brûle. A 14h15, les flammes n’étaient toujours pas éteintes. Un autre feu a été allumé sur le pont. Plusieurs nuages de fumée noire s’élèvent dans le quartier.

Une chappelle du quartier est aussi touchée. Sur le toit, on peut lire: "La religion n’est autre chose que l’ombre portée de l’univers sur l’intelligence humaine. Hugo Victor".

Plus tôt, vers 12h15, la police a laissé les manifestants avancer jusqu’au quartier du port du Rhin, point de départ de la manifestation, alors qu’elle les bloquait depuis ce matin. Sur le chemin, la boutique d’une station-service a été cassée et dévalisée. Des manifestants sont montés sur des voix ferrées pour s’approvisionner en ballaste, utilisé comme projectile.

Dans le quartier du port du Rhin, la police a mis environ une heure et quart avant intervenir, à coup de lacrymogènes. Seuls les policiers allemands, installés sur le pont frontière, sont présents depuis le début mais uniquement pour bloquer le passage des manifestants du côté allemand comme du côté français.

On dénombrait 20 blessés à la mi-journée, dont un a été hospitalisé, à la suite des échauffourées de la matinée, selon l'équipe médicale des anti-Otan. Les blessures étaient dues à des gaz lacrymogènes et des tirs de flashball, a-t-elle précisé. Selon la préfecture, "il y aurait une dizaine de blessés légers parmi les manifestants, dont la plupart ont été pris en charge" par les services d'urgence.

Vers 14h30, c’est l’hôtel Ibis du port du Rhin qui commençait à être dévasté à son tour par les flammes. Le rez-de-chaussée a été ravagé. Les pompiers ont pu intervenir avant que le feu ne se propage à l'étage supérieur.

Les manifestants, habillés de noir et cagoulés pour certains, s’en prennent de nouveau aux medias audiovisuels. Une équipe de télévision allemande a reçu des coups de pied.

A 200 m des incidents, les manifestants pacifistes se relaient au micro, sur un podium monté spécialement pour l’occasion. «We want peace», lance une femme. Ils forment un cordon de sécurité pour empêcher les manifestants violents de troubler leur rassemblement.

En début d’après-midi, la manifestation, prévue à 13 heures, a finalement pu commencer. Quelque 10.000 protestataires (dont un millier "particulièrement violents" selon la préfecture), 30.000, selon les organisateurs, ont manifesté. Environ 7.000 autres personnes venant d'Allemagne ont été "contenus sur le secteur de Kehl", ville frontalière de Strasbourg, par les forces de sécurité allemandes, ajoute la préfecture.

La manifestation, dont le trajet à été largement raccourci, s’est déroulée sans grands incidents. Le trajet formant une boucle, le cortège est revenu au quartier du port du Rhin.

Là, les manifestants se sont retrouvés bloqués à cause de l’incendie de l’hôtel Ibis, les camions de pompiers étant toujours présents. C’est à ce moment que des blacks blocs sont arrivés et sont montés sur le pont d’un chemin de fer, au niveau des manifestants. Ils ont utilisé le ballaste pour caillasser les forces de l’ordre, postées de l’autre côté du pont, qui ont répondu par de la lacrymo et des grenades assourdissantes. Un poste de contrôle de la SNCF a été saccagé à coup de pierre. Le feu a été mis à des broussailles sur le talus de la voie ferrée.

Lorsque les forces de l’ordre ont décidé de gazer sans discernement la foule pacifiste qui était bloquée, un mouvement de panique s’en est suivi. A ce moment, les manifestants ont pu se disperser par l’arrière du cortège.

Reste un groupe de plusieurs centaines de manifestants, dont beaucoup habillés de noir, encerclés par les forces de l’ordre, qui usent à nouveau de bombes lacrymogène. La soirée s’annonce chaude.