Déclaration des organisations de gauches et anarchistes d’Ukraine à propos du syndicat Borotba («Lutte»)

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Nous, les associations et groupes anarchistes et de gauches ukrainiennes, déclarons que le syndicat Borotba n’appartient pas à notre mouvement. Pendant toute son existence ce projet politique était engagé en faveur de régimes et d’idéologies de «gauche» les plus discrédités, conservatrices et autoritaires, qui ne représentent point les intérêts de la classe ouvrière.

Borotba s’est avéré être une organisation aux financements non transparents et suivant une politique de coopération avec d’autres organismes sans principes. Elle embauche du personnel salarié qui «  travaillent  » dans l’organisation et qui donc ne sont pas des « membres libres ». Les cellules de Borotba ont coopéré à des campagnes communes avec le Parti socialiste progressiste (le Parti socialiste progressiste d’Ukraine est un parti raciste, antisémite, cléricale qui n’a aucun rapport avec le mouvement socialiste) et un groupe pro­gouvernemental antisémite et homophobe «  Oplot  ». Elles sont aussi en relation avec le journaliste infâme A. Chalenko qui se décris ouvertement comme un chauviniste russe.

Les événements récents montrent que Borotba, comme le Parti «  communiste  » d’Ukraine, défend franchement les intérêts du président Ianoukovitch  : ses leaders justifient les actions des forces de sécurité d’État contre les militants et nient les actes de violence et la cruauté de leur part, leur utilisation de la torture et d’autres formes de terreur politique. Dans des sources sous leur contrôle et dans leurs commentaires aux médias, les représentants de Borotba prennent une position extrêmement partiale sur la composition du mouvement de Maidan. D’après eux, les protestations ne sont qu’un «  coup d’Etat fasciste  ». Nous avons une position antifasciste, et nos militants ont été victimes d’attaques de la part de l’extrême­droite.

Nous ne partageons pas toutes les idées de Maidan et allons lutter contre l’opposition bourgeoise. Nous condamnons également le sentiment conservateur, nationaliste et d’extrême­droite qui est tolérée dans cet environnement de protestation. Toutefois, nous soulignons que nommer tous les citoyens actifs des « fascistes », c’est non seulement faux, mais aussi néfaste. Cette partialité alimente l’hystérie chauviniste et aide la classe dirigeante à diviser la société.

Le 24 Janvier, le président régional adjoint et représentant de Borotba, Alex Albu, a participé à la défense de l’administration régionale d’Odessa «  contre des nazis  » aux côtés de l’organisation « Cosaques  », des nationalistes russes ( «  Unité slave »), des membres  du Parti des Régions qui était au pouvoir à ce moment et de Parti communiste. Plus tard dans un interview, il a avoué avoir coopéré avec les Services de Sécurité ukrainiens.

Le 1 mars, les militants de Borotba avec les organisations pro­Poutine ont participé à la prise de L’administration régionale de Kharkiv, qui a comme résultat suspendu le drapeau russe sur le toit de l’administration et battu violemment de nombreux militants, dont le poète de gauche Serguei Zhadan. Les « borotbistes  » appellent leurs actions « antifascistes » et croient que cette violence est juste et commise contre les « nazis  ».

Nous en concluons donc que l’organisation Borotba n’est pas seulement une organisation partisane d’un retour au passé soviétique autoritaire, mais aussi un groupe de manipulateurs conscients de l’opinion publique  qui agissent comme des  « révolutionnaires à la botte  » des groupes dirigeants. Pour le moment, leurs activités, qui n’a rien à voir avec la politique de gauche et la lutte de classe, visent à soutenir les forces pro­ Poutine en prétendant être «  antifasciste  » et «  communiste  ». Ainsi, les actions de cette organisation discréditent leur nom, emprunté aux borotbistes révolutionnaires du début du XXe siècle, mais aussi toute la gauche ukrainienne d’aujourd’hui. En outre,  Borotba ne recule pas devant le mensonge et la manipulation des faits et trompe ainsi les mouvements de gauche étrangers et antifascistes.

Nous encourageons tous les révolutionnaires conscients de cette organisation traître et pro­ bourgeoise de rompre définitivement toutes leurs relations politiques avec ces leaders. Nous espérons également que la gauche européenne et russe va reconsidérer l’attitude de Borotba. Une organisation de cette sorte doit être isolée.

Ni dieu, ni maître  ! Pas de nations, pas de frontières !
Prolétaires de tous les pays, unissez­vous  !

Syndicat autonome des travailleurs de Kiev
Syndicat indépendant d’étudiant(e)s “Action Directe”