Au cours des nuits du week-end dernier (24 et 25 juin 2017), plusieurs attaques sur les structures des flics ont eu lieu en Allemagne.
Par ces actions, nous voulons nous inscrire dans la résistance en marge du sommet du G20. Il s’agit de dépasser l’appareil policier, la zone « tampon » au cœur de l’ordre capitaliste mondiale. Par ces attaques incendiaires, nous enlevons aux ennemis d’une vie auto-déterminée le moyen d’imposer leur pouvoir. Car, du commissariat de quartier jusqu’au sommet de l’appareil d’enquête judiciaire, ils ne cesseront jamais de se mettre face à nous dans nos vies et dans notre lutte pour une société libérée.
Cela nous rend furieux et triste de voir comment le paquet d’uniformes ignare et cynique défend et impose l’ordre méprisant toute dignité humaine, inconscients des ordres exécutés.
Qu’il s’agisse du harcèlement permanent et le refoulement des personnes qui ne correspondent pas à l’image d’une ville propre et ordonnée ou des représailles contre toutes les personnes inadaptées, dérangeantes, inexploitables ou inutiles, ce sont les flics qui protègent la ville capitaliste.
Qu’il s’agisse des contrôles racistes sur les personnes réfugiées et issues de l’immigration ou des expulsions de personnes, ce sont les flics qui maintiennent le racisme structurel.
Que ce soit la matraque légèrement déployée qui atterrit dans l’une de nos têtes, le « Finale Rettungschuss » [1] (269 personnes tués par les flics depuis 1990) ou le nombre excessif de flics blessé pendant une émeute, les flics défendent avant tout leur pouvoir de donner des coups de manière arbitraire tout en restant impunis.
Que ce soit nos compagnon-nes incarcéré-es ou nous qui sommes catégorisés, espionnés et criminalisés, les flics savent que nous sommes leurs opposants. Allons les chercher chez eux !
Que ce soit la loi de protection des agents de police et des unités de secours ; l’introduction sur l’ensemble du territoire fédéral dans les gares, les bus et les tramways ; le déploiement de la surveillance biométrique dans l’espace public et de la surveillance des télécommunication ou l’accès directe des flics aux photos biométriques du service de recensement des habitants [2], les flics, comme faisant partie de l’attaque technologique contre les gens, tenteront tout pour nous réprimer ainsi que les autres mouvements anti-étatique et anticapitaliste.
Que ce soit le renforcement de la collaboration entre les flics et le VS [3] (malgré leur échec total, comme par exemple dans l’affaire Anis Amri et dans celui de la NSU) [4], la coopération avec l’armée allemande de l’intérieur ou la diminution de la limite d’âge en matière de surveillance des mineurs, les flics et l’État ne s’en tiendront pas à leurs propres lois – nous non plus.
Tous les deux jours, nous entendons parler d’une nouvelle loi, que les criailleries pour toujours plus de surveillance et d’armement doivent satisfaire dans la soi-disant lutte contre le terrorisme et la criminalité. Nous ne regardons pas sans agir jusqu’à ce que nous soyons arrivés au stade de l’homme de verre. Nous nous en prenons volontiers aux piliers de la démocratie – exploitation, oppression et exclusion – avec passion.
Ce sont les flics qui appliquent les règles, même si les lois nécessaires à tout cela sont conçues par d’autres et dirigées par divers intérêts pour maintenir ce système.
Servons-nous de cette période pour leur montrer que ce ne sont pas eux qui déterminent le fil des événements, mais nous.
Nous voulons vous motiver, compagnon-nes, à foutre le bordel pour le G20 et après, à Hambourg comme partout. Ne vous faites pas intimider par les sommations des flics et la surveillance. Il y a toujours une cible qui n’est pas suffisamment protégée et qui vaut la peine d’être attaquée. Dans chaque ville il y a différentes institutions étatiques et entreprises qui font tourner leurs magasins. Il y a de temps en temps des compagnon-nes déterminé-es et préparé-es qui n’hésitent pas à attaquer les flics. Des bombes de peinture aux vitres brisées, du « liquide inconnu à l’odeur désagréable » jusqu’à l’attaque incendiaire, du graffiti au sabotage, de la manif spontanée aux collages de stickers : de nombreuses petites attaques peuvent conduire à l’ébranlement du système.
Prenez soin des uns et des autres ! Guettez les ennemis.
****
NdT :
[1] « tir mortel qu’un policier est autorisé à diriger contre un agresseur pour sauver la vie d’une personne agressée »
[2] « Einwohnermeldeamt » : il s’agit d’une administration locale où chaque changement de domicile doit être déclaré.
[3] Abréviation pour « Verfassungschutz », service de police à la « protection de la constitution ».
[4] Fait référence à deux affaires judiciaires liées à l’extrême-droite en Allemagne : Anis Amri est l’auteur de l’attentat sur le marché de Noël de Berlin le 19 décembre 2016. Il est abattu à la gare de Milan après trois jours de cavale à travers l’Europe. La NSU, qui signifie littéralement « Souterrain national-socialiste », est un groupuscule néonazi ayant commis des attentats contre des commerces et habitations d’immigrés entre 2000 et 2011 en Allemagne. Plus d’une dizaine de personnes ont été tuées.
****
[Ces attaques incendiaires contre la police sont évoquées dans un article du Spiegel en date du 1er juillet 2017 : dimanche 25/06 à Flensbourg (Schleswig-Holstein), trois voitures de la police fédérale ont été entièrement détruites par le feu. A Leipzig, deux voitures de la gendarmerie ont également été incendiées. A Chemnitz, lorsque des agents de l’unité de contrôle et de surveillance sont rentrés d’une intervention à Leipzig, ils ont découverts des engins incendiaires sous 6 voitures. Malheureusement, ces derniers – composés d’une bouteille remplie de liquide incendiaire d’un demi-litre reliée à un système d’allumage à retardement – n’ont pas fonctionné. L’article en question conclue en revenant sur les derniers sabotages des outils de travail des keufs ayant été revendiqués dans le cadre de la mobilisation contre le G20, à savoir : l’incendie d’un véhicule de flic en civil début juin à Brême (sans mentionner l’incendie de deux autres de leurs bagnoles dix jours plus tard, ainsi que les 8 véhicules de police brûlés ou endommagés récemment à Hambourg (deux attaques ont eu lieu au cours du mois de mars: une le 17 et l’autre dix jours plus tard ; on peut par ailleurs mentionner la visite enflammée au domicile du chef de la police en septembre 2016, toujours dans le cadre de l’appel au désordre en vue du G20]