Le retour du mouvement social ?

 Le retour du mouvement social ?

« Plus qu’une question, ces quelques lignes sont un appel à ne pas attendre que les ordonnances passent pour multiplier les rencontres et les dates ne manquent pas. »

Macron est président. Rien d’étonnant. Les vieux oligarques la petite bourgeoisie et celle en devenir s’en réjouissent fortement. En attendant, bon nombre de personnes ayant pris part au spectacle électoral doivent s’en mordre les doigts. Celui qui prétendait faire du neuf recycle du vieux, du PS aux Républicains, en passant par le Modem et Nicolas Hulot. Le vieux monde a installé sur le trône le plus jeune président de la Ve République, ce qui n’est paradoxal qu’en apparence : il ne faut voir là rien de plus qu’un ravalement de façade. Si le règne des gouvernants continue son chemin, les ingouvernables doivent tracer le leur. Et c’est maintenant que nous devons renforcer ce processus dans l’optique d’un accroissement de notre autonomie et d’une destitution à venir.

 

A l’heure actuelle, deux forces se sont dégagées et ont pris la rue pour s’opposer à cette farce. D’une part, la jeunesse, fer de lance des nombreuses luttes passées et à venir. De l’autre, une partie de la base syndicale qui cherche à s’autonomiser des bureaucraties syndicales qui tentent toujours de chaparder la direction des grèves aux acteurs de ces dernières. Ces deux forces ramènent des personnes d’horizons différents dans la rue comme dans les instances d’organisation. L’une comme l’autre portent un discours à la fois distinct dans les modalités d’actions prônées et proche dans la volonté d’affirmer que la rue sera investie dès les premières attaques de la présidence Macron. L’une comme l’autre ont besoin de nouer des liens, échanger des pratiques, apprendre à fonctionner ensemble, pour renforcer les actions à venir.

 

Le spectre du mouvement social fait jaser lors des réunions, dans les journaux et sur Internet, entre exclamation pour prévenir que l’on n’a pas le droit de bloquer la France et tentative de mettre dos à dos les bureaucraties syndicales. Le printemps 2016 contre la loi El Khomri a laissé des marques. Comme le disait un journaliste à la télé s’accorder avec les syndicats est faisable, alors que la jeunesse effraye car plus aucune structure institutionnelle n’est à même de prétendre la représenter. Se rendre ingouvernable en substance c’est cela. Ne plus être acteur d’une pacification qui passe par un dialogue avec les institutions. Travailler à notre autonomie en se détachant de ce qui constitue l’État. Il est plus important que jamais de prendre acte que le gouvernement Macron est déjà bel et bien préparé à réprimer la jeunesse et la base syndicale qui cherchent à le faire chuter. Dès que l’occasion sera présente, la répression viendra s’écraser sur cette énergie révolutionnaire, qui n’attend que de pouvoir s’exprimer.

 

Plus qu’un spectre, plus qu’un mouvement social ou une révolution, nous devons tisser un maillage de lieux et de contre-pouvoirs qui s’articulent sur un plan de consistance commun. Autrement dit, nous ne savons pas si un mouvement social verra le jour ou pas, ni – s’il advient - si ce mouvement social sera porteur d’un projet subversif à même de faire chuter Macron et l’État. Par contre, nous savons qu’au-delà des querelles idéologiques pour tenir une grève les thunes sont nécessaires. Nous savons que les lycéens et étudiants ont plus que besoin de se lier à d’autres secteurs pour ne plus subir la répression de manière isolée. Nous savons que le premier ministre n’hésitera pas à s’attaquer aux territoires occupés, de la zone d’autonomie définitive de Notre-Dame des Landes, à Bure où s’expérimentent des formes de vie – le communisme.

 

Se rencontrer pour rompre avec les catégorisations étatiques. Brouiller les radars des alliés du capital. Reproduire l’unité plurielle qui régnait dans le cortège de tête et qui permettait à tout un chacun de pouvoir mener telle ou telle action. Aller par delà la ritualisation de nos pratiques, de la grève à l’émeute, mais réussir à les lier entre elles pour développer un véritable front révolutionnaire. Ceci n’est pas un programme, mais la justesse des paroles qui s’exprime au sein des différentes assemblées ou discussions moins formelles. Il ne tient qu’à nous de les mettre en pratique.

 

Plus qu’une question, ces quelques lignes sont un appel à ne pas attendre que les ordonnances passent pour multiplier les rencontres et les dates ne manquent pas. Le 10 juin, le front social organise à Paris une rencontre nationale pour structurer cet espace d’organisation, préparer le 19 juin qui sera la première date de mobilisation contre les ordonnances de Macron et préparer un plan pour gréver à la rentrée. S’offre à nous, ingouvernable, jeune et moins jeune, une occasion en or. Faire ce que nous n’avons pas réussi lors de du printemps contre la loi travail. Remettre de l’affect, de la fête et de liaison entre travailleurs et jeunes sur des points de blocage et dans les rues. Rompre avec une opposition qui n’a de sens que pour les néo-staliniens du PCF et les bureaucrates syndicaux. Il ne tient qu’à nous d’aider à des grèves pour créer un rapport de confiance, d’inviter les travailleurs sur des zones d’autonomies comme notre-dames-des-landes ou Bure pour produire du collectif, tout en renforçant ces zones où des idées subversives s’enracinent et font fleurir les germes de l’imaginaire révolutionnaire qui guide tant de gens des salles occupées au sein des facultés au blocus des lycées, en passant par le cortège de tête et son référentiel.

 

Se regrouper pour dépasser les clivages. Faire mouvement pour le dépasser et former un front révolutionnaire. Rompre avec le mouvement social pour enclencher un mouvement révolutionnaire.

 

La commission destitution – en marche vers la guerre sociale.

 

Lundi Matin #107

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