Groupe néonazi Hammerskins en Meuse : le malaise

Le hangar agricole où se tiennent les rassemblements. Photo d’archives Franck LALLEMAND
Erstveröffentlicht: 
25.07.2015

Le local de Combres-sous-les-Côtes a accueilli deux nouvelles réunions de sympathisants néonazis.

« Nous étions deux, nous sommes désormais 47.000 ». Laure Hébrard est l’une des deux personnes à avoir lancé le 19 mai dernier une pétition en ligne sur change.org qui « demande la fermeture définitive du local La Taverne de Thor ». Ouvert le 9 mai dans un hangar agricole à la sortie de Combres-sous-les-Côtes, un petit village situé à une trentaine de kilomètres de Verdun, ce local accueillerait des réunions des membres de la « League of HammerSkins », définie comme un groupe néonazi.

 

La nouvelle a suscité l’indignation de nombreux citoyens, mais aussi des élus du conseil départemental de la Meuse. La pétition lancée par Laure Hébrard, originaire de Moselle, et une habitante de Verdun a atteint 47.000 signataires en deux mois. Montée au créneau dans les médias et sur les réseaux sociaux, Laure Hébrard raconte avoir été victime d’une « tentative d’intimidation et de menaces à peine déguisées » à son domicile.

 

Un exemplaire du journal d’extrême droite Rivarol, condamné en 2014 pour antisémitisme, aurait été glissé dans sa boîte aux lettres avec un petit mot « pour notre plus grande fan, page 4 ». Sur cette page, une longue interview du propriétaire du local de Combres-sous-les-Côtes sous le titre : « Des Lorrains nationalistes persécutés ». Laure Hébrard a tout de suite porté plainte. « Ce qui est extrêmement choquant est que j’utilise un pseudo et que personne ne connaît ma véritable identité à part la Préfecture de la Meuse et la mairie de Combres-sous-les-Côtes, j’ai été très prudente, donc je pense avoir été dénoncée ».

 

« Présence systématique des forces de l’ordre »

 

Les autorités locales, qui sont en contact avec l’équipe de la « Taverne de Thor » disent rester en alerte. « Des mesures sont prises pour veiller à ce qu’il n’y ait aucun trouble à l’ordre public », assure Jean-Michel Mougard, préfet de la Meuse, qui dit avoir « constaté, comme tout le monde, l’installation de ce groupe néonazi » après que l’achat du hangar se soit fait « à bas bruit ». Deux nouvelles soirées se sont tenues très récemment au sein de la « Taverne de Thor ». « Elles se sont déroulées sans incident, c’était un pique-nique familial autour du hangar », décrit le préfet, qui ajoute : « les forces de l’ordre sont systématiquement présentes lors de ces rassemblements, et elles procéderont à des relevés d’identité quand cela sera nécessaire ». Pas de débordements donc, d’après les autorités, « mais si des infractions aux lois et valeurs de la République étaient constatées, le parquet serait saisi ».

 

Lieu privé ou public ?

 

S’agissant d’une propriété privée, les élus locaux qui demandent la fermeture immédiate de ce local se trouvent un peu démunis. « Mais un hangar agricole n’étant pas habilité à recevoir du public, nous examinons ce dossier sous cet angle », rappelle de son côté le préfet. Un lieu privé, c’est ainsi que « La taverne de Thor » est présentée par l’un de ses habitués, que nous avons interviewé. Il décrit cet endroit comme un « bar », évoque « un lieu rassemblant une bande de potes ». Interrogé sur la présence systématique des forces de l’ordre lors de ces rassemblements, il assure « la comprendre parfaitement », ajoutant cependant : « cela nécessite un déploiement de forces de l’ordre comme toute manifestation ayant lieu dans un cadre public ». Il semble donc que le statut de ce hangar initialement agricole demeure flou.

 

De leur côté, les élus et citoyens mobilisés en appellent désormais directement au ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, à qui Laure Hébrard a fait parvenir la pétition.

 

Léa BOSCHIERO